Table of Contents
ToggleLa Digitalisation du bâtiment
De la numérisation des plans à la manipulation d’objets
Le BIM, dont l’acronyme anglais signifie Building Information Modeling, est un concept permettant de modéliser les informations du bâtiment grâce à une maquette numérique 3D. Au-delà du concept, le BIM est un véritable processus de gestion et de production de données du bâtiment. Associé à une maquette numérique du bâtiment constituée d’objets porteurs de caractéristiques (techniques, financières, historiques…), le BIM intègre une dimension logicielle et fédère de nombreux intervenants autour d’un projet commun de construction. C’est le BIM Manager qui s’occupe d’accompagner les équipes dans la mise en place et l’utilisation de la maquette numérique tout au long du projet et quelle que soit la phase de vie du bâtiment.
Le concept de BIM est né dans les années de guerre froide, au moment de l’émergence des principes de la CAO (conception assistée par ordinateur) et de la FAO (fabrication assistée par ordinateur). Il s’est développé au gré des évolutions de l’informatique, de la puissance de calcul, de l’avènement de la programmation d’objets, de l’essor d’internet et du déploiement des réseaux.
Depuis sa création, le BIM est donc le point d’entrée de la digitalisation du bâtiment.
Le degré zéro de la digitalisation est le même dans tous les secteurs : collecter de manière informatisée des données qui étaient sous forme papier, orales ou non exprimées avant. C’est pour cette raison que nombreux sont ceux qui ne voyait au début le BIM que comme un réceptacle de la numérisation des plans du bâtiment. Or, il s’agit évidemment de beaucoup plus que cela.
Comme tous les processus de digitalisation (industrie, services, …) le BIM est nativement transverse, et même si la filière du bâtiment est naturellement silotée, elle n’échappe pas à la transversalité du BIM. Le rôle du BIM est donc bien transverse et touche de près ou de loin tous les métiers et toutes les phases du bâtiment. Et c’est là toute la révolution pour la filière du bâtiment !
Un BIM ou des BIM ?
La filière et ses phases, un incontournable qui structure le(s) rôle(s) du BIM
La filière du bâtiment est structurée autour de grandes phases (architecture, conception, exécution, exploitation) qui ont évidemment façonné les usages et les rôles du BIM qui les touche toutes. Dans un contexte relativement rigide mais qui évolue justement sous la pression des outils digitaux, le rôle du BIM est au centre du paradigme de la filière et doit résoudre les problématiques suivantes : gestion de la continuité, archivage, gestion des responsabilités. Par exemple, il est le dépositaire des plans de référence, des équipements contractuels etc… Il peut donc être utilisé comme outil de suivi des évolutions ou comme outil de garantie du maintien des spécifications suivant qu’il se trouve dans un contexte classique ou plus industriel. A l’extrême, pour un constructeur hors-site, il peut y avoir un seul BIM pour toutes les phases et il peut être confondu avec son ERP d’industriel.
Les acteurs, autant d’utilisateurs différents
Comme le BIM et sa maquette numérique sont transverses, il trouve une utilité avec la quasi-totalité des acteurs de la filière de la construction . Le rôle du BIM est donc différent pour l’architecte, le maître d’ouvrage ou l’installateur électricien du même bâtiment. Dans son utilisation minimale, il est une plateforme d’échanges et d’archivage des plans et schémas des différents acteurs. Toutefois, et par exemple, un économiste peut s’en servir également pour ses estimations financières et leur suivi. Un maître d’œuvre pour la gestion de l’avancement du chantier, un bureau d’étude comme base de ses simulations. Le rôle du BIM est globalement de faciliter le partage des informations entre les différents intervenants du bâtiment, accélérer et sécuriser la vitesse de ces échanges, permettant en retour de faire, refaire et tester des options qu’on ne pouvait se permettre sans.
Pendant les phases de conception surtout, le BIM, grâce à son approche objet (manipulation d’entités définies séparément), permet de redimensionner les différents paramètres du bâtiment à volonté pour en optimiser certains critères. Les gestionnaires et financiers sont dans ce contexte des utilisateurs intéressés par ce concept, le(s) coût(s) étant bien sûr systématiquement inclus dans les paramètres en question au même titre que la nature des matériaux ou leurs dimensions.
Données froides et données chaudes
Le rôle du BIM aujourd’hui concerne les données statiques (i.e. les données froides). Il en est le garant et surtout c’est lui le gardien de deux ontologies essentielles : géographique et matérielle.
En d’autres termes, c’est le BIM qui structure la représentation, les liens, la granularité et les concepts manipulés dans la description géométrique et structurelle du bâtiment. Pour ce qui concerne les données vivantes (ou « chaudes »), ce sont d’autres outils qui les structurent (le BOS, Building Operating System par exemple).
Le BIM est au cœur du système d’information du bâtiment.
Un outil collectif de gestion des données
Plateforme et chef d’orchestre
Étant à la croisée des utilisateurs et dépositaires des données fournies par un grand nombre d’acteurs, le BIM doit donc jouer également un rôle important d’organisateur dans la gestion de ces données.
En tant que plateforme de données classique, le BIM intègre la Gestion des droits, des modifications, des clash, et la communication automatique entre les acteurs, au sujet des différentes évolutions des données et informations dont il a la charge.
Une des dimensions importantes des données gérées par le BIM est le temps. Comme tous les chefs d’orchestre, le BIM est aussi en charge du tempo de la construction du bâtiment. Il permet d’appuyer la planification, les grands jalons et même la gestion des dérives du planning. Un véritable chef de projet ou « organizer » du chantier !
Un générateur de services pour aujourd’hui et pour demain
Les services internes
Les services sont des modules logiciels indépendants qui se servent des données cœur du système, à la manière de l’agenda de votre smartphone ou du répertoire de contacts de votre PC. Parce qu’il est le gestionnaire d’un très grand nombre de données internes, le BIM est donc la porte d’accès à ces données pour un grand nombre de services. Le développement de ces services étant exponentiel, le rôle du BIM devient de plus en plus primordial.
Aujourd’hui
Un certain nombre de services spécialisés sont d’ores et déjà présent dans le BIM et font partie de ses rôles attendus :
• Gestionnaire des plans de référence (gestion contentieux et responsabilité) • Gestionnaire d’avancement (organisateur de réunion, suivi des recettes et des réserves, suivi financier etc…)
• Base de données matériaux pour les calculs d’empreinte carbone
• Traçabilité fournisseurs ….
Demain
Le développement prévisionnel des services liés au bâtiment est gigantesque. Le cycle de vie de ces services, s’il peut être décorrélé de celui du bâtiment (en s’appuyant sur des formats et des logiciels standards) va s’accélérer (comme il l’a fait pour les ordinateurs et les smartphones). On peut s’attendre notamment à de la planification holistique incluant la logistique, les fournisseurs et leurs ERP, une interconnexion grandissante des systèmes du bâtiment et de l’industrie, de la gestion des levages plus digitalisée etc…
Les services accédant à la centrale de données
C’est avec les services externes qui puisent des données et utilisent les fonctionnalités du BIM que le rôle du BIM est sans aucun doute amené à se développer le plus. Le BIM participe activement à transformer le bâtiment en plateforme de services.
Aujourd’hui
Grâce à la standardisation des données et la prédominance de quelques acteurs, les échanges de données avec des développeurs de services ont rendus possible le développement de quelques services d’ores et déjà incontournables pour certaines typologies de bâtiment.
• Base de données spatiale pour la gestion d’espace, la maintenance sur des grands sites, …
• Base de données spatiale pour les BOS (Building Operating System), BACS (Building Automation & Control Systems) et autres GTB (Gestion Technique du Bâtiment)
• Base de données structures et matériaux pour les simulateurs type éléments finis des bureaux d’étude : simulation thermique, acoustique, sismique, de performance énergétique et bien d’autres à venir
Cette structuration des données et leur généricité fait partie des rôles importants du BIM aujourd’hui et dans un futur proche.
Demain
Réserve inépuisable d’innovation, les services au bâtiment auront quasiment tous besoin de données qui se trouvent et sont gérées dans le BIM. Depuis les futurs calculateurs de diagnostic énergétique aux systèmes de maintenance prédictive en passant par les visites en réalité virtuelle les démarches administratives digitalisées, le BIM va s’affirmer comme un avatar digital du bâtiment, plaque tournante incontournable précieuse et génératrice de revenus pour tous les acteurs de la filière. Le rôle du BIM dans le système d’information bâtimentaire est aussi un enjeu pour les années à venir.